Transition – Agroécologie

Dans les sujets polémiques de notre société, j’appelle la relation entre alimentation et agriculture !!

L’objectif de cet article n’est pas de prendre position, mais de clarifier certains points.

L’agriculture permet de nourrir les humains (ie hommes pour la suite de l’article) en produisant des céréales, de la viande, des fruits et des légumes. La polémique a pour fondement les enjeux à venir suite au changement climatique, les prévisions d’augmentation de la population mondiale et les « flux migratoires ».

Tout d’abord, je pense qu’il est important de comprendre que l’homme a colonisé toute la surface terrestre, et qu’il a décidé de l’usage de celle-ci. Les forêts, les champs, les villes, l’emplacement des cours d’eau sont à la fois des questions de contextes, mais de choix faits par des hommes pour maximiser leurs usages. Certaines zones, comme les montagnes ou les déserts, sont compliquées à exploiter, même si la technique le permettrait.

L’aménagement de notre territoire est décidé par nos politiciens à différents niveaux, local, national, international.

Donc quand on parle de surface agricole, ou surface forestière, on parle des choix politiques réalisés par certains pays, régions, localités…

La notion de surface agricole utile peut varier dans le temps. Certaines zones vont devenir plus compliquées à exploiter, alors que d’autres seront plus simples. Mais si le besoin augmente, on peut choisir de mettre plus de moyens (ie d’énergie) pour exploiter plus de surfaces, au dépend des autres choix (forêt, urbanité, réserves de biodiversité)

Les impacts non chiffrés liés au changement climatique sont une délocalisation progressive des surfaces agricoles facilement exploitables du sud vers le nord, et une augmentation de l’incertitude sur les récoltes liées aux changements de température et d’hygrométrie.

Aujourd’hui, on ne peut pas affirmer que la production mondiale de nourriture sera diminuée ou augmentée à cause du changement climatique.

En France, c’est certain que notre production agricole sera perturbée et devra s’adapter.

Actuellement, au niveau mondial, l’alimentation animale représente près de 1,7 milliard de tonnes de produits et co-produits (hors fourrages) : maïs, tourteaux de soja, son, blé, manioc, orge, canne à sucre représentent les 3/4 des concentrés consommés dans le monde pour les animaux.

Le maïs à lui seul en représente plus du tiers, et 61 % de la production mondiale de maïs sert à nourrir les animaux. Pour nombre de céréales (orge, avoine, et l’ensemble « autres céréales »), la part utilisée en alimentation animale est d’environ 70 %, contre seulement 19 % pour le blé et 5 % pour le riz. Elle est de 100 % pour les co-produits de céréales (son) et d’oléagineux (tourteaux)

Donc notre surface agricole sert majoritairement à produire in fine de la viande et des produits laitiers.

En revanche, il est essentiel de distinguer la production industrielle, où les animaux sont enfermés dans des usines, et nourris majoritairement avec des céréales, à la production paysanne où les animaux sont en plein air et nourris majoritairement avec du fourrage.

Dans nos sociétés occidentales, on parle de surconsommation de protéines car les consommations excèdent largement les besoins. Selon les études scientifiques, il faudrait manger entre 2 et 5 fois de la viande (ou poisson) par semaine, et compléter les autres jours avec des œufs, ou des protéines végétales.

On peut se poser la question pour savoir d’où vient cette  nouvelle habitude (1950) ou quelles sont les valeurs que nous associons à une alimentation carnée, mais si toute la population mondiale mangeait de la même manière que nos sociétés occidentales, il faudrait produire encore plus de viande, donc cultiver encore plus de surface.

On en revient donc à une histoire de choix, d’utilisation de la surface terrestre suivant nos priorités.

Quelques idées à construire ou déconstruire :

 Dire qu’un aliment est bon est une question de point de vue, suivant si on le regarde :

  • D’un point de vue gustatif
  • Sur son aspect
  • Sur ses qualités nutritionnelles
  • Sur la diversité génétique qu’il contient
  • Sur son absence de germes pathogènes
  • Sur l’imaginaire qu’il contient.

L’agriculture biologique (de conservation) nécessite du fumier, donc de l’élevage.

 L’élevage de petits ruminants a souvent été un choix mis en place par des populations pour exploiter des zones compliquées (montagnes, steppes…) tout en permettant « d’entretenir » ces territoires contre le risque incendiaire. En effet, le pâturage permet d’éliminer les herbes sèches et donc de limiter les propagations d’incendies.

 Il n’y a pas de lait sans naissance. (D’un point de vue naturel)

 Chacun porte la responsabilité de son portemonnaie, et d’un certain choix de ce qu’il décide de manger.

 Si certaines terres ne sont plus cultivées pour de la nourriture, elles sont utilisées pour produire de l’énergie (méthane, photovoltaïque, bio-carburants…), loger plus d’humains, ou parfois faire de plus grandes réserves naturelles.

Pour finir, une piste de réflexion qui m’anime actuellement.

 La lecture d’une BD : « Cerveaux augmentés » de Miguel BENASAYAG – Thierry MURAT explique que la création de la pensée passe par notre corps.

Les idées qui ne passent pas par notre corps n’ont pas la même consistance, la même épaisseur.

Me projeter agriculteur n’a pas la même consistance que vivre ma transition agricole.

Produire mes propres légumes, manger de la viande de mon élevage (en ayant aussi assumé la mise à mort), ces actes donnent une valeur et une saveur différente à de la nourriture acheté.

Si aujourd’hui nous avons perdu la valeur de la nourriture que nous mangeons, c’est peut-être parce que nous avons arrêté de la produire nous-même, et de projeter sa valeur immatérielle : son histoire.

A tous ceux qui le souhaitent, à la ferme du temps long, il sera possible d’expérimenter, et de vivre l’élevage, et la production de produit laitier.