Transition – Agroécologie

Après les premiers foins sont venus les seconds. Sur une surface cumulée de 5 Ha, les différentes tâches en tracteur prennent du temps et je reste sur une moyenne de 1H/Ha/tâche.

 Ce qui veut dire que chaque tâche me prend environ 5h dans la journée en plus du reste du travail que je dois accomplir à la ferme. Cette année, je n’ai pas encore à faire la traite, la fabrication des fromages, ou la vente. J’avoue que cette perspective pour l’année prochaine me fait réfléchir et un peu peur.

Dans ce métier, il faut savoir faire, mais aussi s’adapter à la météo, aux températures, à l’état des prairies et des animaux, …

 « Pour avoir du lait, il faut du bon foin » me dit Marc, un agriculteur chevronné. Moi cette année, j’ai essayé de faucher quand je pouvais et le foin n’est pas de très bonne qualité. Cela veut dire que je devrai avoir une ration équilibrée aux besoins des brebis avec du concentré, du grain à acheter en plus à la coopérative agricole.

Oui, pour faire du bon foin, il faut de l’expérience. De l’expérience pour savoir si la température du matin, avec la rosée, permettra au foin de sécher à cœur, mais pas trop de chaleur non plus pour que les feuilles restent les plus vertes possible et bien accrochées aux tiges.

Cette expérience, c’est aussi savoir à quelle heure il faut réaliser le fanage ou l’andainage suivant la température, savoir qu’il y aura un peu d’orage ce soir, quelques gouttes non prévues par l’application météo, mais qui vont remouiller un foin que l’on cherche à avoir bien sec.

Cela veut aussi dire que le dimanche qui était prévu en repos avec la famille, ou en pique-nique au bord du lac, va se transformer en travail sur le tracteur avec 35 °C pour pouvoir mettre en balle avant la pluie.

Et oui, une pluie non prévue, c’est un travail à refaire partiellement, le risque que des moisissures s’installent et dégradent la qualité du foin. C’est pas simple !!

Heureusement, il y a Boby ❤️. Qui par sa puissance impressionnante me permet de réaliser seul, des travaux que plusieurs personnes s’épuisaient à réaliser auparavant. Sans pétrole, je ne pourrais pas faire les foins nécessaires à 40 brebis….

 Cette année j’ai appris à me familiariser avec Boby. J’ai rangé les balles de foin le long de mon champ, conduit le plateau fourrager de 12m de long, quillé une partie des balles, avec mon SAV au téléphone.

« Olivier tu peux venir, car là je galère. – OK, j’arrive. »

Si Olivier n’était pas là, je ne sais pas si j’aurais surmonté toutes mes galères qui font le quotidien du métier.

Il y a des tâches que les agriculteurs font si naturellement que l’on pourrait penser que c’est simple, mais rien que de piquer les balles de foin pour les ranger est un apprentissage. J’ai foiré quelques balles car en piquant mal et pas au bon endroit, le filet casse et le foin est perdu, impossible à ramasser.

 Au bilan 120 balles de foin cette année 🤘, que j’ai choisi de stocker dehors sous une bâche feutrée, car je n’ai pas de « place » pour le stocker sous un hangar agricole.

 La gestion du pâturage en été me parait également complexe. L’herbe ne pousse pratiquement plus. Nous sommes donc allés dans mes prairies les plus loin de la ferme, qui ne sont pas encore clôturées en dur. Le gardiennage (rester auprès des brebis en journée) me prend trop de temps, donc je n’ai que peu pratiqué cette solution.

La clôture provisoire au filet est vraiment une solution B, car les filets sont lourds et longs à installer dans une terre très sèche. Ils tiennent mal dans le temps, même électrifiées et les brebis peuvent s’échapper, surtout si les prairies des voisins sont plus sympathiques, mais c’était la seule solution disponible. Nous avons pris la décision d’avancer la réalisation des clôtures en dur sur ces parcelles pour se donner de la tranquillité d’esprit. (prévisionnel novembre)

La gestion de l’ombre et de l’eau seront aussi prioritaires pour l’été prochain, car sinon c’est le risque de stopper la lactation. Ces aménagements non prévus mais nécessaires tendent notre vie. Car il n’est pas possible de financer indéfiniment l’exploitation agricole avec les revenus de Julie. 💰

Notre vie est partagée entre la joie et le plaisir de voir le projet sortir de terre, la fatigue physique et mentale des travaux et de l’apprentissage, des ajustements à prévoir dans notre vie pour la suite, une transition dans la paysannerie qui dans un sens nous sort de ce cocon doré fourni par la société qui nous permettait d’acheter notre mode de vie.

Derrière la nourriture que nous mangeons, il y a une réalité de travail, des savoir-faire, des choix qui impactent notre monde et ses écosystèmes.

Les surfaces agricoles représentent en France 45% de la superficie du pays. (en 2019 – insee). On ne peut pas dire que nos choix de consommation sont neutres sur notre environnement. J’espère que mon entourage, par notre expérience partagée, consommera mieux en connaissance de cause.

Le bélier a été mis au troupeau début août. Si tout va bien, j’aurai les premières naissances en décembre.

J’ai donc jusqu’à cette fin d’année pour que le bâtiment soit opérationnel. 💪

 Comme on dit en basque «  Ausardia » (Courage)