Notre transition

Beaucoup de personnes déclarent ne pas avoir le choix de leur vie. D’être embarqué dans un bateau sans capitaine.

Aujourd’hui je pense que l’on a au contraire l’incroyable pouvoir de choisir.

D’agir ou de contempler. De répondre ou d’accueillir. De dominer ou d’inclure.

Choisir, c’est renoncer à quelque chose.

Nous avons renoncé à notre confort de vie Lyonnaise, dans un milieu socio-professionel où j’étais reconnu, et apprécié. J’ai renoncé au confort d’une vie urbaine pour une vie rurale, loin de ma famille et de mes amis.

J’ai renoncé à faire mes courses à pied, à prendre un café en terrasse avec le voisin, à regarder si on préfère aller à la piscine ou en salle d’escalade. Un ciné, mais lequel ? Il y en a 8 à Lyon, avec plusieurs salles… Musée, restaurant, théatre, les différents spécialistes médicaux qui permettent un bon suivi.

Je ne dis pas que cela n’existe pas en milieu rural, mais c’est toujours beaucoup de voiture, un réseau de bus qui ne permet pas de rentrer après 18h, des horaires contraints, et souvent peu de places.

C’est certain, le mode de vie rural est vraiment différent du mode de vie urbain.

La nature et l’agriculture sont omniprésentes, et les humains suivent la météo. Pour leur potager, leurs cultures, leurs animaux….

Notre transition, cela été une découverte, un attrait, et une déconstruction douloureuse de nos habitudes. Un changement à la racine… radicale.

Nous avons changé de mode de vie, en essayant de ne pas compenser nos habitudes passées, pour se plonger dans ce monde vivant, rempli de non humains, qui nous observent et interagissent.

Notre étoile : protéger la biodiversité sauvage

Comment protéger sans être inclus, sans éprouver, ressentir, vivre la nature.

Nous sommes en train d’apprendre à observer et écouter. Nous apprenons à distinguer, différencier, prendre le temps.

La ferme que nous avons achetée a été baptisée la Ferme du Temps Long.

A la fois, car notre projet s’inscrit dans le long terme, avec les plantations qui mettrons des dizaines d’années à structurer nos terres, avec la protection de nos bois, la reconstitution de boccage, la restauration de mares, et à la fois car il est encore plus important, dans cette époque, de ralentir.

Nous avons eu (et nous en avons encore) des symptômes d’éco-anxiété. L’urgence d’agir nous entraine vers un besoin d’action, comme si cela pouvait compenser les changements rapides en cours.

Mais le réchauffement climatique est déjà là, avec ses impacts multiples.

Ralentir, prendre le temps d’être heureux. Conscientiser le présent et passer du bon temps.

Tout cela permet de vivre différemment. De profiter de nos enfants et de lier avec eux des liens que nous n’aurions pas eus si nous étions restés dans le même mode de vie.

De prendre soin de la nature et des humains qui nous entourent.

De prendre le temps, d’innover pour mettre en place l’agriculture de demain. Une agriculture plus adaptée au changement, et qui s’intègre dans un univers riche en biodiversité.

Je salue tous ceux que nous avons quittés, mais avec notre grande ferme, ils peuvent venir à plein nous rendre visite.